Du collier mémère au bijou iconique : l'histoire du collier de perles
Accessoire mémère par excellence voici encore quelques années, le collier de perles s’affiche dans tous les défilés et s’accroche à tous les cous. Ce bijou à nouveau tendance a écrit son histoire au fils des siècles et des caprices des modeuses.
L’histoire de la perle remonte à l’Antiquité. La première perle fut trouvée probablement par des hommes en quête de nourriture. Des archéologues ont également mis au jour des perles dans un sarcophage où reposait une princesse perse morte en 420. Mais, il semble que les Chinois en offraient déjà en 2300 AJC. Ce qui est certain, c’est que la perle sphérique était déjà si précieuse qu’elle obligea Jules César a promulguer une loi réservant le port des perles aux seules classes dirigeantes. Un trait de l’histoire qui va se répéter au fil des siècles.
Le grand nombre de parcs à huîtres naturelles dans le golfe Persique souligne combien les perles étaient importantes dans les cultures arabes. Avant la production des perles de culture, le golfe Persique était le principal pourvoyeur du commerce des perles et le restera jusqu’à la fin du XIX siècle, époque où apparaît la perle de culture.
Un bijou réservé aux hommes
Au départ, le collier de perles est porté par les…hommes. Maharadjahs et brahmanes les portent pour affirmer leur richesse. À cette époque, le collier de perles symbolise la puissance, la persévérance et la pureté. Ils n’hésitent pas à accumuler les rangs autour du cou pour en mettre plein la vue. Cette mode est récupérée par les Européens à la Renaissance puis au 17e siècle. Le duc de Buckingham porte les colliers de perles « en liasse » comme le montrent les tableaux qui le représentent.
Non seulement on veut porter des perles, mais il faut qu’elle soit parfaite. Or, trouver une perle sphérique est très rare et se faisait au péril de la vie. Jusqu’au début du 20e siècle, la seule façon de collecter des perles était de plonger jusqu’à 30 mètres de profondeur pour ramasser les huîtres. Et seulement 4 mollusques étaient susceptibles de secréter une perle rare par tonne d’huîtres. Les mollusques d’eau douce prospérant dans les rivières peu profondes étaient plus faciles à pêcher, mais les puissants (rois et ducs) se réserver la récolte, comme le prouve, notamment l’histoire des perles de la Vologne récoltées dans les Vosges.
C’est au cours de ce siècle que les femmes s’emparent à leur tour du collier de perles, fascinées par leur conception. Selon la légende, une goutte de rosée déposée dans la une huître donne naissance à une perle. L’image est jolie, mais totalement fausse, puisqu’en réalité une perle naît d’un grain de sable. Comme l’intrus gêne le coquillage, il sécrète une substance cristalline qui va entourer le grain pour se transformer peu à peu en perle.
Toutes les conditions sont réunies pour qu’un collier réalisé avec des perles fines parfaitement rondes devienne un bijou très convoité et de grand prix. Les grandes familles royales sont les premières à inscrire dans leur trésor des colliers de perles et à les perdre. Marie Thérèse d’Autriche (Sissi) avait reçu en cadeau un collier de 31 perles qu’elle aimait beaucoup. Trouvant que celui-ci avait perdu de son lustre après quelques années, elle décida de l’enfermer dans un écrin et de le plonger dans l’eau de mer en espérant lui redonner sa brillance. Malheureusement, elle fut assassinée et on ne remit pas la main sur le précieux bijou.
De la perle fine à la perle de culture
Dans les années 1900, le collier de perles devient la coqueluche de toutes les élégantes. Cet engouement provoque la raréfaction des perles naturelles. Heureusement pour les coquettes, Kockicho Mikimoto met au point la production de perles de culture en 1893. Très vite, le Japon devient l’épicentre de cette production. Ainsi, on dénombre 350 fermes perlières au Japon en 1935 capables de produire 10 millions de perles de culture par an. Les perles Akoya de Mikimoto sont toujours employées pour la fabrication de bijoux de nos jours. Leur orient et leurs teintes allant du blanc au gris est réputé. Aujourd’hui, les perles employées pour réaliser des colliers proviennent de fermes perlières en eau salée ou en eau douce. Les perles d’eau douce produites en Chine sont plus accessibles que leurs cousines élevées en eau salée et permettent de créer des colliers de perles et autres bijoux à des prix abordables.
Les icônes de mode fans du collier de perles
La perle de culture a permis de démocratiser le collier de perles qui prend des longueurs spectaculaires dans les années 1920. Coco Chanel va contribuer à son essor en la faisant accepter la perle de culture que méprisent les lapidaires, les joailliers et les négociants de l’époque. Elle porte aussi bien son collier de perles que lui a offert le duc de Westminster que ses propres colliers de perles de culture. Peu à peu ses clientes vont adopter, à leur tour, le collier de perle de culture et convaincre les professionnels de créer des modèles. Dans les années 60, Jackie Kennedy et Audrey Hepburn sont aussi des icônes de mode qui ont beaucoup contribué à faire du collier de perles un bijou essentiel pour une femme.
Les folles enchères des colliers de perles
Désormais, les perles naturelles comptent parmi les gemmes les plus rares. Les pêcheurs en trouvent encore quelques-unes au large de la mer de Bahreïn et de l’Australie. Une rareté qui justifie les prix astronomiques auxquels elles se négocient. D’autant que le réchauffement climatique modifie les eaux avec des conséquences irréversibles sur la faune et la flore.
En 2023, une paire de boucles d’oreilles ayant appartenu à une dame d’honneur de l’impératrice Eugénie est partie à 64 000 euros. Un prix déjà élevé, mais sans commune mesure avec les 3,3 millions de dollars qu’a dû débourser celui qui a acheté la paire de boucles d’oreilles en perles naturelles portée par l’impératrice Eugénie de France. Les enchères flambent pour les bijoux en perles naturelles. Un collier « classique » constitué de 51 perles de 8 mm estimé à 60 000 € s’est arraché à 216 000 €. L’enchère la plus folle ayant été atteinte lors de la vente de la perle la Peregrina datant du XVIe siècle et propriété d’Elizabeth Taylor. Cette perle montée en broche s’est vendue à 11,8 millions de dollars.
Le collier de perles de Jackie Kennedy
Parmi les enchères les plus mémorables pour acquérir un collier de perles, on doit citer aussi celles qui ont permis à Gérard Darel d’acquérir le triple rangs porté par Jackie Kennedy. Gérard Darel passionné par JFK et Jackie Kennedy arracha le collier en perles de verre pour 101.500 dollars en 1996. Une somme incroyable quand on sait qu’il valait environ 200 dollars en 1961. Gérard Darel a réédité par la suite ce collier pour le proposer dans son catalogue. Une aubaine pour les fashionitas qui peuvent encore trouver ce modèle iconique en seconde main ou chez les spécialistes du vêtement et bijoux vintage.
Le grand retour du collier de perles
Dans les années 1980, les colliers de perles étaient réservés aux dames d’un certain âge. Depuis ces dernières années, ils redeviennent à la mode et courent les défilés de mode et de joaillerie, intégrant des bijoux contemporains. On peut à présent trouver simple rang, collier multirangs et sautoir pour assouvir ses envies. En version classique ou baroque, il apporte une touche d’élégance et de raffinement à un look.