Le collier de la reine

L’affaire du collier de la reine

L'affaire du collier de la reine

Le collier de la reine a fait couler beaucoup d’encre et changé le cours de l’histoire de France. Il en fit perdre la tête au propre comme au figuré. Pourtant, tout partait d’un bon sentiment.

Pour les beaux yeux de Marie-Antoinette

Le cardinal de Rohan, grand aumônier de France, se lamentait de ne pas être dans les petits papiers de la reine. Marie-Antoinette l’avait pris en grippe depuis qu’il était revenu de Vienne comme ambassadeur. Elle supportait mal le différend qui opposait le cardinal à sa mère. Fâché de cet état, le cardinal était prêt à tout pour retrouver les grâces de la souveraine.

La comtesse de La Motte qui a vent de cette querelle, assure au cardinal connaître un moyen pour apaiser la reine. Il ne sait pas qu’il se met dans un beau pétrin dès cet instant. La comtesse de La Motte, alias Jeanne de Saint-Rémy, et surtout garce de haut vol, va organiser une soi-disant rencontre à la nuit tombée entre la reine et le cardinal dans les bosquets de Versailles. Ainsi, ils pourront s’expliquer et crever l’abcès.

La rencontre se tient le11 août 1784. Le cardinal de Rohan rencontre ce qu’il croit être Marie-Antoinette. La souveraine, qui est une complice de la comtesse, va réconforter le cardinal sur sa situation avant de s’enfuir pour ne pas être découverte par des passants venus bien à propos.

Le piège se referme

Marie Antoinette

Le cardinal de Rohan imaginant qu’il est à nouveau le confident de la reine veut lui témoigner son dévouement. Sachant cela, la comtesse de La Motte va pousser l’avantage. Elle lui confie que la reine aimerait bien posséder le collier de perles et de diamants fabriqués par les joailliers de la , Böhmer et Bassenge, Composé de perles, de 650 diamants et pesant 2 800 carats, le collier devait parer le cou de Madame Dubarry . Malheureusement, Louis XV est mort avant d’avoir pu l’offrir à sa maîtresse, et le collier cherche toujours preneur. Mais son prix, 1,6 millions de livres, dissuade Marie Antoinette de l’acquérir.

Mme de La Motte demande au cardinal s’il serait prêt à acheter le collier pour la reine en quatre échéances sur deux ans. Trop content de pouvoir rendre service, le cardinal accepte. Böhmer et Bassenge font affaire avec le cardinal de Rohan. Il avance la première échéance à Mme de La Motte, qui s’évanouit dans la nature avec l’argent et le collier.

Où on découvre la supercherie

Les mois passent et les bijoutiers qui ont perçu seulement la première échéance s’impatientent. En juillet 1985, ils envoient une première lettre à Marie-Antoinette qui ne comprend pas le contenu de la missive et n’y répond pas. Ils reviennent à la charge en août en prenant pour intermédiaire Mme de Campan, femme de chambre de la reine. Marie-Antoinette convoque finalement Böhmer et Bassenge. Elle n’a jamais acheté le collier et ne peut pas le porter. Tout le monde s’est fait avoir. Le baron de Breteuil, secrétaire d’État à la Maison du Roi, chargé de la police, enquête et découvre l’escroquerie.

Le scandale du collier de la reine éclate

Le 15 août, le cardinal de Rohan est convoqué par le roi puis arrêté séance tenante dans la galerie des Glaces. Toute la cour est médusée. Le scandale éclate. Et c’est là que le collier de la reine prend une tournure politique.

Plutôt que de garder l’affaire dans le cercle privé, le roi décide de la porter au grand jour. Louis XVI veut un procès pour laver l’honneur de la reine. Il demande au cardinal de choisir entre la justice royale ou le Parlement de Paris. Le cardinal qui est seulement coupable de naïveté choisit le Parlement de Paris, justice populaire.

Le procés

L’affaire passe devant les tribunaux en mai 1786. Mme de La Motte qui écoulait les diamants du collier un à un se voit condamner au fouet, à la prison à perpétuité et on la marque au fer rouge du V de voleuse. Contre toute attente, le tribunal blanchit le cardinal, démis de toutes ses fonctions. A sa sortie, la foule l’acclame et se retourne contre la reine, victime et non coupable.

Pourtant elle devient de plus impopulaire. Pour le peuple, elle est seule responsable de l’affaire du collier de la reine et a cherché à perdre le cardinal. Pour les observateurs politiques de l’époque, ce scandale annonce la Révolution. Goethe écrivait dans La campagne de France : « Ces intrigues détruisirent la dignité royale. Aussi l’histoire du collier forme-t-elle la préface immédiate de la Révolution. Elle en est le fondement… La reine, étroitement liée à cette fatale affaire, y perdit sa dignité, sa considération ; elle y perdit dans la pensée populaire cet appui moral qui faisait d’elle une figure intangible. »

Les têtes tombent

Marie-Antoinette n’a jamais porté un collier qui lui a coûté sa tête. Le collier de la reine a inspiré le roman éponyme d’Alexandre Dumas, paru dans la presse en 1849 et 1850. L’affaire continue d’alimenter les romans policiers historiques actuels. Nicolas Le Floch, et bien d’autres détectives font leur miel de cette incroyable escroquerie.

Panier