L’Eshop : version numérique de l’échoppe médiévale
Entrez dans mon échoppe, venez voir mon Eshop !
Autrefois, il fallait haranguer le badaud qui flânait en regardant les étals et les vitrines. Désormais, il faut arrêter l’internaute qui surfe sur le net à la recherche de l’aubaine, curieux de tout. Entre les deux 700 ans sont passés et pourtant rien n’a finalement changé pour l’artisan ou le commerçant si on y regarde d’un peu plus près.
L' échoppe : un simple étal ouvert sur l'atelier
L’histoire nous fait un joli pied de nez. Fermez les yeux et remontons le temps. Voilà, nous sommes arrivés. Vous entendez ? Ces bruits de voix qui se mêlaient à celles des outils et des odeurs ? Cette agitation laborieuse, joyeuse, dynamique qui se percevait lorsqu’on traversait la rue des tanneurs ou que l’on empruntait la rue des orfèvres à Strasbourg? Il faut lire le merveilleux roman Le parfum de Patrick Suskind, pour s’imprégner de cette vie des petites mains et des artisans que l’on imagine encore mieux lorsqu’on flâne dans le cœur historique de Strasbourg ou de Rouen.
Pour cela, La vieille ville de Dinan est sans doute la plus représentative de cette vie. En descendant la rue du Jarzuel qui relie la Rance au centre ville, on peut y voir encore des anciennes échoppes avec leurs architectures et leur distribution caractéristique. Les échoppes se succédaient, présentant les produits fabriqués dans l’atelier mitoyen. Ces boutiques d’aspect modeste possédaient un volet en bois qui se déployait en étal sur la rue et aménagé pour aguicher le chaland. Une fois la journée finie, il suffisait de ranger les produits présentés et de refermer le volet. Habitation, atelier, commerce et parfois maison de rapport ne faisait qu’un. L’échoppe constituait la partie visible de toute cette activité et production économique qui s’organisait ensuite en quartier où se regroupaient les corporations. Sa structure a peu évolué jusqu’au XX eme siècle. On emploie le mot échoppe pour désigner une petite boutique et la distinguer des autres formes commerciales plus étendues et complexes.
Ethymologie d'échoppe : un rapport direct avec l'outil
Les étymologistes bataillent sur l’étymologie d’échoppe. Pour certains, le nom commun « d’escope » apparu en 1230 désignait une petite boutique adossait à un mur ( église, fortification, et.), des appentis. Pour d’autres, l’échoppe puiserait ses racines dans le nom commun « eschople » issu lui-même du latin scalprum désignant un burin ou un ciseau toujours utilisé par les graveurs. Quelle que soit la version retenue, on se rend compte qu’il fait référence à l’univers de l’artisan.
Et c’est ainsi que ce joli mot a traversé les siècles pour se comparer aujourd’hui celui de Eshop. Miracle de la langue française et de son amour pour les anglicismes. L’Eshop pardon « l’E.boutique » occupe un minuscule espace dans de gigantesques serveurs, forteresse de notre univers numérique. Comme l’échoppe, l’Eshop doit attirer les clients, les séduire, proposer des merveilles et le savoir-faire de son « maître ». Elle doit se faire remarquer dans cette immense centre commercial qu’est devenu le monde numérique. Sa page d’accueil est l’étal, les pages ses rayons et en cherchant bien on trouvera aussi une arrière-boutique.
Nos eshop (s) ressemblent en bien des points aux échoppes de nos aïeux. Il suffit de franchir leur porte pour découvrir et rencontrer des talents. Avec un incroyable avantage sur les premières, elles sont ouvertes 24/24 h et toute l’année qu’il pleuve, neige ou fasse soleil au badaud du numérique.. N’hésitez pas à les découvrir et à les faire connaître.)